mardi 17 février 2009

Terrible constat ?

Un article de courrier international m'a cette semaine particulièrement interpellé.

C’est un article écrit par un russe : Andreï Arkhangelski. Inclus dans un dossier spécial sur la Russie, cette réflexion exprime le regard courroucé que porte l'auteur sur la société russe, qu'il trouve "futile et glamour". Sa description de ce qu'il ressent comme le mode de pensée général actuel est : "Ne pense qu'à toi et à ton corps, profite de la vie". Il décrit aussi le principe actuel de "culture" dans le sens large, comme "la simplification des sentiments".
J'ai le même sentiment concernant la culture occidentale et française en particulier. Autour de moi, je n'entends que des phrases du genre "il faut profiter, arrête de nous saouler avec tes histoires..." etc etc. Ce sentiment de futile profit me rend malade... J'ai en horreur ce crédo général du "profiter de la vie" en n'aspirant au fond qu'à tout oublier,glander, penser à se faire plaisir et "rechercher des sensations"... (chut libre, trek dans le désert etc) Alors que finalement la vraie aventure pour ces gens serait ... d'ouvrir un livre par exemple !

Les gens se coupent de toute réalité. Le tout est encouragé par les médias évidemment. Les pubs de stations de ski : "du hors piste", les vacances de rêve ? Un all inclusive à punta cana, à quelques kilomètres des haïtiens qui meurent de faim... Mais bon, ça va ! Arrête de nous parler de ça, laisse nous tranquille... De toute façon qu'est ce qu'on peut y faire ???

Revenons à l'article en question. Pour l'auteur, ce mode de vie contemporain "est terriblement incompatible avec la réalité". Quelle réalité ? Dans cet article, on parle de la guerre en Ossétie du sud. L'auteur oppose la dure réalité de la guerre "au bonheur factice propagé par la télévision".

Là où l'article devient quelque peu effrayant, c'est que l'auteur considère la guerre comme l’aboutissement inévitable de période de décadence du mode de vie de l'être humain. La guerre est pour lui "l'aboutissement naturel à la vacuité morale et intellectuelle". La guerre redonne au monde un certain "sérieux".

Comme le rappelle aussi l'auteur, nous sommes actuellement dans un monde qui depuis 60 ans (en occident du moins) vit dans une certaine légèreté, dans la recherche presque frénétique d'un divertissement toujours plus "bas de gamme" ou "à ras les pâquerettes" pour être sympathique... Le but ultime étant de se vider le cerveau.

Autre notion très intéressante formulée par l'auteur, il définit le sentiment de "peace and love" généralisé comme au fond un écran de fumée cachant un désintérêt profond pour les grands malheurs du monde, ceci dû au fait que la société entière tend vers un individualisme acharné, encouragé et même applaudi...
Ainsi le formule l'auteur : "Le pacifisme primitif qui habite l'art de masse dissimule en fait l'indifférence inavouée de la société". En centrant son idée sur l'art et donc la culture, il pointe du doigt une société dans son ensemble ! La culture est le reflet souvent "amélioré et lissé" des idéologies de la société qu'elle représente.

Enchaînons sur le "jmen foutisme" général que j'observe moi même autour de moi et que l'auteur, russe, semble lui aussi constater dans son propre pays. Il résumé bien l'idée que je partage avec lui sur la condamnation de ce "laissé aller". Pour lui, "ne pas participer et ne pas vouloir comprendre le monde, ce n'est pas lutter pour la paix mais souvent laisser faire le mal". Pour lui, la référence est clairement la guerre en Ossétie, mais pour moi, on peut généraliser cela à tous les pans de notre société. En laissant faire, les gens sont pour moi aussi coupables. Certes moins que les "exécutants" mais leur responsabilité est tout de même en jeu !
Beaucoup me disent que je ne fais rien non plus, je peux dire que c'est faux, certes je pourrais faire mille fois plus, mais je fais au moins le minimum, je PENSE... On peut toujours critiquer la pensée de quelqu'un, être en désaccord etc, après tout personne n'a la "science infuse" mais refuser de penser, ne vouloir que du divertissement et de "l'oubli", ça c'est grave... Et indéfendable.


Alors comment ne pas finir par penser comme ce russe, et se demander si finalement il n'y aurait qu'un événement tragique comme une guerre pour réveiller tout ce monde abruti de télévision et de futilités en tout genre ???

mercredi 4 février 2009

Quel est l’effet de groupe sur la « connerie » ?

Voilà une réflexion qui me vient … La « connerie », on désigne ici tout ce qui nous fait dire à longueur de journée « mais qu’est ce qu’ils sont cons … ». Ca peut concerner tout type de groupe, les supporters, les flics, les badauds, les skieurs, etc etc.
Ma réflexion du jour porte sur l’effet de groupe sur une bande de cons. Et en fait, en y réfléchissant bien, cet effet est subtil, et il peut parfois faire le « catalyseur » de la connerie, et donc l’augmenter, ou au contraire la diminuer, la filtrer, l’atténuer (c’est malheureusement beaucoup plus rare…).

Pour illustrer cette idée, je vais aborder deux situations que j’ai connues. Je préviens tout de suite, les groupes de « cons » abordés sont les « élites », les professionnels de la connerie. Je fais partie de ces groupes part des goûts personnels qui me font apprécier d’une part le magnifique sport qu’est le football (je parle du sport, pas des pratiquants ni des amateurs) et d’autre part, d’une activité que peu de gens comprennent (par manque de connaissance) à savoir la chasse (la aussi, je parle de l’activité, pas de ses pratiquants).
Donc voilà le décor, d’un côté un stade de foot, des supporters et des joueurs de foot. De l’autre, un village de montagne, ses habitants, ses chasseurs…

Dans le stade, on voit l’effet catalyseur que peut avoir le groupe. La plupart des supporters ne sont pas des gens particulièrement con, ni méchant. Si on les côtoie dans la vie courante, ils sont peut être même intéressants. Mais au stade, au milieu d’une foule, dans le bruit, dans l’agitation et le monde, quelqu’un de bien peut se retrouver à hurler des énormités, des injures, qui effraient les pauvres gosses présents dans le stade. Il faut avoir vu le visage stupéfait d’un gamin regardant un adulte péter les plombs pour un match de foot pour comprendre à quel point ça me pèse de voir ça… Ceci dit, les gens vraiment corrects évitent ce genre de comportement mais il faut admettre que la foule (plusieurs milliers pour un stade) fait ressortir le côté animal qui devait faire la gloire des arènes romaines.
Vous pouvez me rétorquer que c’est une foule dont on parle, c’est au-delà du groupe. Et c’est vrai, donc je peux rajouter à cela, en restant dans le foot, mon expérience d’éducateur. J’ai vu des parents charmants, devenir infects autour du terrain, au milieu d’autres parents. Le groupe peut parfois créer une ébullition intellectuelle, faire sortir le meilleur de chacun. Mais il faut admettre que c’est plutôt l’inverse la plupart du temps.

Et pour la chasse alors ? C’est là que l’on va voir que le groupe peut être un inhibeur de connerie. Les chasseurs sont de ma propre expérience à 80% des cons tel que les écolos les décrivent. C'est-à-dire que leur but numéro un est de tuer, pas de s’intégrer dans un espace naturel … La chasse que je pratique : chasse au chamois. Comment cela se passe t’il pour la gestion cynégétique ?
Chaque association de chasse a un « plan de chasse » c'est-à-dire un certain nombre d’animaux de certains types à tuer sur certaines zones. Exemple : un tour de chasse dans la zone B tel jour, le chasseur devra trouver un chamois d’un certain âge et d’un certain sexe. Ceci a pour but de réguler les populations (ça marche puisque les populations croissent).
Le souci est que les plans de chasse sont faits pour plusieurs années sur la base d’un comptage effectué par les chasseurs sous autorité des gardes forestiers, hors entre temps la situation peut changer. Pour nous, dans mon village, il apparaissait évident qu’un massif avait beaucoup moins de chamois que prévu (les raisons sont diverses) et je prônais donc un réajustement du plan de chasse. Je militais donc auprès des autres chasseurs. Et là, j’ai constaté que pris en groupe, tout le monde était d’accord, c’était évident ! Il fallait réduire le nombre de chamois à tuer puisque tout le monde avait constaté qu’il y en avait moins. J’étais donc satisfait de voir qu’ils n’étaient pas si cons. Erreur… En groupe ils étaient d’accord, et je pense même qu’ils le pensaient. Mais une fois en chasse, seuls, au milieu de la montagne, là ils ne pouvaient s’empêcher de redevenir cons, et donc de tuer leur chamois sachant qu’il n’y en avait pas assez… Leur approbation sur le fait de moins tuer n’était pas je pense une simple façade pour donner bonne figure aux autres. D’ailleurs quel intérêt ? Puisque de toute façon au final on sait toujours ce qu’on fait les uns et les autres (en effet, chaque chamois tué est bagué donc on voit bien si la bague est utilisée ou non d’ailleurs notre équipe avait fermé ses bagues avant chasse).

Ces histoires de foot, de chasse, sont simplement des exemples de ce que j’ai pu observer.
Le problème qui se pose est que l’individu a la capacité d’être con à tout moment. Au sein d’un groupe ou tout seul.
Chacun doit recevoir une dose de connerie à la naissance. Après il doit lutter pour soit la diminuer, soit se laisser aller et la cultiver…
Comme on dit on est toujours le con de quelqu’un mais il me semble qu’il y a quand même une idée de « connerie générale », sur laquelle tout le monde ou presque est d’accord et qui semble pourtant, et ce depuis la nuit des temps, toujours fin